La jeunesse noire face à la culture du Livre

Tout le savoir et la connaissance se trouvent renfermés dans les livres et la jeunesse noire de par le monde ne lit plus...

 

Nul ne peut nier aujourd'hui, au vu de la situation, que la jeunesse noire de par le monde est en réel danger. Quelque que soi le point du globe où elle se trouve, notre jeunesse vit sur le fil du rasoir avec une violence qui se resserre tel un étau. Une violence souvent aveugle qui n'épargne personne.
Je lançais déjà, dans mon ouvrage ma conscience aiguisée et dans l'album African Consciences cet appel à la jeunesse noire: "Parquée dans les ghettos, ils t'ont servi la culture de l'arrogance et de l'extravagance, la culture de l'apparat et du "m'as-tu-vu" et tu t'éloignes des chemins de l'humilité nécessaire pour acquérir le savoir et la connaissance. Et te voilà dépouillée de la seule arme qui peut te libérer de tes chaînes. Jeune du ghetto rapproprie toi ton éducation et marche sur le chemin de ta liberté car seul toi pourras te libérer de ces chaînes."
Quelques années après cet appel, la situation s'est empirée et est devenue chaotique et la jeunesse noire de par le monde se retrouve au bord du gouffre. Et cet appel devient aujourd'hui un cri d'alarme.
Pour espérer trouver des solutions, il est important de faire un diagnostique sans compromission de la situation réelle que vit notre jeunesse de par le monde.
C'est avec force que nous constatons que plus de 90% de notre jeunesse de par le monde vit parquée dans les ghettos. Qu'est ce qu'un ghetto?
Ghetto: Lieu où une communauté vit en marge du reste de la population ; cette communauté elle-même. Et en exemple le Larousse cite les ghettos noirs de New York. Une autre définition, Milieu renfermé sur lui-même, condition marginale dans laquelle vit une population ou groupe.
Ces définitions conventionnelles sont loin de décrire la réalité des ghettos noirs de par le monde. Mais il est indéniable de constater qu'isolement, marginalisation et conditions inhumaines sont des réalités du ghettos. L'isolement et la marginalisation va même jusqu'à voir des ghettos noirs de par le monde ceinturés par des fils de fer barbelés. Naissant et grandissant dans cet environnement, avec une stratégie rodée de rendre l'inhumain et l'inimaginable acceptable cette jeunesse noire accepte dans un fatalisme voir même une forme de fierté d'être parquée dans ces ghettos faisant abstraction de l'insoutenable en se créant un imaginaire de survie.
Pour rendre acceptable l'inacceptable le système colonial et esclavagiste va créer des formes de cultures bâtardes et abrutissantes qui mettent "le paraître" au dessus de "l'être". L'arrogance, le "m'as-tu-vu" sont le soubassement de ces cultures de misère. Le sexe, la violence et l'argent acquis facilement en deviennent les symboles de pouvoir. Le Noir du ghetto se sent fort et puissant parce qu'il possède, use et abuse sans règle. Mais malgré tout, il reste toujours enfermé dans son imaginaire de survie. Il possède souvent au détriment du respect et de la dignité des autres. C'est pourquoi, pour assouvir cette arrogance et cet ego, il n'hésitera pas à inonder son ghetto de drogue dure (Le crack étant bien sûr un exemple clair), de mettre sa compagne en prostitution et d'utiliser sa mère ou ses propres enfants comme passeur. Cette culture bâtarde et dévastatrice est soutenue par le système colonial et esclavagiste à coût de millions de dollars ou d'euros car le noir restera de fait bête, arrogant et ancré indéfiniment dans sa bêtise pendant que l'hégémonie du colon se perpétue sur des générations. Chaque génération avec ses symboles et ses icônes de l'arrogance et de la bêtise fabriqués de toutes pièces et manipulés telles des marionnettes au service du système colonial et esclavagiste. Une fois que ces symboles et ces icônes ne font plus recette, car c'est la surenchère de l'arrogance et de la violence, le système les met au placard pour en fabriquer de nouveaux encore plus bêtes, plus arrogants et plus violents. De ce fait, ces icônes et symboles entraînent toute la jeunesse du ghetto vers ses valeurs dégradantes et autodestructrices. Et voilà sur des générations, après l'éradication de tous les mouvements de fierté noire, que les ghettos sont orientés, dressés et éduqués dans ses valeurs. Et la jeunesse noire est prise dans ce cercle infernal et n'a pas le temps du recul, de la réflexion et de la méditation sur son sort. Mais il n'est pas difficile de constater l'issue et le résultat que produisent ces symboles et références. La prison ou la mort sont souvent les choix et les perspectives que leur offre ce système. Pour rendre ces choix acceptables, il y inocule une forme de fierté d'être aller en prison, d'avoir reçu des balles, d'avoir tuer... Des films, des vidéoclips font l'apologie de ses valeurs et sont soutenus et promus par le système politico-médiatique du colon.
Il est clair que l'arrogance, la quête de puissance et de la l'argent facile sont les maux qui détruisent notre jeunesse et ses maux sont inéluctablement ancrés dans son imaginaire et pour des générations.
Prenons l'exemple de la culture hip-hop et reggae qui sont des formes d'expressions culturelles noires à la base qui étaient des cultures de résistance. Nous avons vu en moins de vingts ans ces cultures de résistance et de libération devenir une arme destructrice retourner contre notre jeunesse.
Ce qui faisait la force de ces cultures c'était leur lien fort avec leurs valeurs originelles. Le reggae de Bob Marley n'a jamais été aussi fort et puissant que quand il puisait sa source du lien culturel fort avec l'Afrique. La culture hip-hop d'Africa Bambaataa, celle des Last poets, celle de Public Enemy ou celle d'Arrested developement n'ont jamais été aussi éclairante et source de lumière, de fierté et de dignité que lorsqu'elles retissaient le lien culturel fort avec la Terre Mère source de toutes les valeurs et de toutes les puissances : l'Afrique. Ce que l'Afrique a de plus puissant, c'est son humilité, ses valeurs et sa sagesse. Ces mouvements culturels de résistance et de défasification de l'histoire, une fois cette connexion faite, était source de fierté, de dignité et de puissance spirituels. Ces mouvements culturels ont fait trembler le système colonial et esclavagiste car c'était une arme puissante de libération et d'émancipation. Combien de noirs se sont redécouverts à travers le reggae? combien de jeunes noirs ont décidé de reprendre leur destin en main à travers la culture hip-hop? Ce constat peut être étendu à tous les mouvements de libération des noirs de par le monde. A chaque fois que le ghetto était conscient de sa force africaine, il devenait très dangereux pour le système. L'exemple de la réappropriation de cette africanité par les Black Panthers en est l'exemple.
Il fallait couper cours et retourner ces armes de libération contre cette jeunesse qui commençait à ouvrir les yeux. Il fallait retremper les ghettos dans la culture bâtarde et autodestructrice de l'arrogance et de l'argent facile et surtout couper le lien avec le roots c'est à dire les racines africaines, source de puissance, de fierté et de dignité inexplicable et impénétrable. Il est des liens qui ne peuvent s'expliquer par les mots mais qui font partie de la mystique et des flux d'énergie. Le fait d'avoir coupé le lien de ces cultures de résistance avec l'Afrique a dépouillé ses cultures de résistance de leur quintessence et les a rendu perméable à toute sorte de codes et de références inversés. C'est comme si le bouclier protecteur s'était effondré. C'est ainsi que la fierté et la dignité ont fait place à l'arrogance, à l'apparat et à la bêtise d'une illusion de pouvoir. Une illusion de pouvoir, en effet, car le jeune du ghetto ne fait parti d'aucun cercle de décision. Cette arrogance et cette illusion de pouvoir va détourner le jeune du ghetto de l'essentiel : son éducation.
Un peuple mature et éclairé doit être au chevet de sa jeunesse et être conscient que sa force et son avenir est entre les mains de sa jeunesse. Un peuple qui perd sa jeunesse perd son devenir. Et être au chevet de sa jeunesse c'est tout mettre en oeuvre pour assurer son éducation et non laisser l'éducation de sa jeunesse entre les mains d'un système colonialisme et esclavagiste qui n'a que mépris et stratégie de maintien dans l'oppression pour elle. Nous sommes le seul peuple qui laissons les autres s'occuper de l'éducation de nos enfants en les laissant mépriser la source originelle de nos valeurs. Je le répète ce que l'Afrique a de plus beau ce sont ses valeurs d'humilité, de sagesse et sa puissance spirituelle qui fait qu'elle est à l'origine de tout et sera à la fin de tout.
Qu'est ce qu'une jeunesse éduquée?
Nous allons prendre la définition du mot "éduqué".
Éduquer : former quelqu'un en développant et en épanouissant sa personnalité.
Les premiers responsables de l'éducation d'un enfant restent ses parents : parents souvent pris dans le tourbillon d'une société de consommation où l'éducation des enfants est loin d'être une priorité. la mère de famille pense plus à sa coiffure, à ses ongles, le shopping et les derniers vêtements à la mode plutot que développer et épanouir la personnalité de son enfant. Le père de famille souvent absent ou inexistant pense plus à gérer son business illicite et survivre pour éviter la prison ou de tomber dans un règlement de compte que de s'occuper de l'éducation de son enfant. Et dans les rares cas où les parents veulent prendre leur responsabilité, le système colonial et esclavagiste cultive chez l'enfant le mépris des parents en créant la division entre l'enfant et ses parents afin de pouvoir ainsi remplacer leur autorité par des éducateurs que le système aura formé et continué à contrôler le développement et l'épanouissement de la jeunesse noire. De ce fait, la première marche de l'éducation est ratée.
Ensuite, vient l'éducation de la société par l'exemplarité et les modèles. Les parents n'endossent plus le rôle de héros et de modèles de leurs enfants. Les enfants n'admirent plus leurs parents. Ils ne sont plus reconnaissant envers leurs parents. Au contraire, ils les mérpisent.
Quand on vit dans les ghettos les seules modèles de réussite sociale sont le proxénète, le dealer, la prostituée ou le ganster du coin. Et les média à travers les films et les vidéoclips relaient ces exemples et modèles comme seule référence de réussite du monde noire. Le médecin, l'avocat, l'ingénieur deviennent inexistants. Ils ne font pas partie du tableau de l'imaginaire du jeune du ghetto qui ne peut imaginer qu'on peut être noir et être avocat, médecin ou ingénieur. Ses modèles et ses héros sont le gansta rappeur qui joue au proxénète, au dealers et au pseudo ganster dans ses chansons et ses clips et le sportif arrogant à la coiffure douteuse avec le corps plein de tatouage. Voilà l'éducation par l'exemplarité qu'offre la société et le système esclavagiste et colonial du colon aux jeunes noirs du ghetto.
Le résultat en est criant, à telle point que le manque d'éducation, le manque de bonne manière, de connaissance fondamentale, de culture générale sont devenus des caractéristiques communes et des traits marquants de notre jeunesse. Pendant que les autres jeunesses des peuples du monde sont disciplinées, structurées, cultivées et éduquées, notre jeunesse à nous se noie dans l'arrogance, l'apparat, l'amusement imbécile, la vulgarité et la violence gratuite. Ce qui l'enfonce dans son ignorance c'est son arrogance qui l'aveugle à tel point qu'elle croit tout savoir, tout connaître...
Rien n'est pire que l'arrogance de l'ignorant ou l'ignorance de l'arrogant.
Il est important, pour prendre conscience de toute la dimension et l'ampleur de la destruction de la jeunesse noire de par le monde, de comprendre la trajectoire historique qui nous a amené dans ces différents ghettos implantés à travers le monde. Il est urgent de prendre conscience que le système colonialiste et esclavagiste n'a jamais été aboli et sévit sur notre quotidien et surtout comprendre que pour s'en sortir, il nous faut rompre de manière radicale avec cette civilisation où nous ne sommes qu'esclave ou citoyen méprisé de seconde zone. Il est important de tourner notre tête vers notre pôle de puissance car là se trouve les bases et les éléments d'une civilisation négroafricaine qui rayonnera de par le monde jusqu'à la fin des temps.
De la même manière que le système inocule la drogue, les armes, la violence, les maladies sexuelles dans les ghettos c'est de cette même manière qu'il faut diffuser cette lumière spirituelle africaine avec ses valeurs nobles, sa dignité, son humilité, sa sagesse et surtout sa puissance salvatrice en implantant des points d'éducation intensive qui allieront éducation spirituelle, intellectuelle et physique afin de tirer des ténèbres vers la lumièré notre jeunesse parquée dans ces ghettos. Il faut plus "d'Afrique" dans les ghettos mais pas l'Afrique travestie, pas l'Afrique du Coupé Décalé, pas l'Afrique du divertissement imbécile, pas l'Afrique de l'éxotisme, pas l'Afrique de l'érotisme occidental ni l'Afrique des dirigeants médiocres béni oui oui qui sont à la solde de l'occident et de son système esclavagiste et colonialiste. Il faut introduire l'Afrique des grands hommes et femmes, l'Afrique des grands prophètes et messagers dont les plus grands sont africains. De Abraham au Messie fils de la Vierge Noire en passant par Moïse, ils étaient tous africains. La base de l'éducation spirituelle qu'il faut insuffler dans les ghettos noirs c'est de faire prendre conscience à notre jeunesse qui y est parquée la nécessité de se réapproprier nos symboles, nos codes et références qui valorisent "nos plus". Il est nécessaire et primordial de faire comprendre au sein de ces points d'éducation intensive africaine que l'histoire des noirs de part le monde ne commence pas avec l'esclavage ni avec la colonisation. L'histoire des noirs commence avec des rois et des reines qui étaient à la tête des plus belles civilisations, des plus grands ensembles et des plus belles organisations politiques, économiques et sociales et cela dans une diversité extraordinaire. Les pyramides en Égypte et les techniques de constructions de ces grands oeuvres et édifices jusqu'à ce jour inexpliquées en sont les preuves extraordinaires et irréfutables. Il faut leur enseigner la noblesse et la grandeur des reines et rois, des leaders et des héros qui ont oeuvré pour le rayonnement du peuple noir. Et tout ce savoir et ces connaissances se trouvent dans les livres.
Le savoir et la connaissance se trouvent dans les livres.
Ce savoir et ses connaissances sont universelles mais notre jeunesse ne lis pas de livres... ou ses seules lectures sont devenues les messages à travers l'écran d'un ordinateur ou d'un téléphone portable avec l'explosion des réseaux sociaux. Où l'illusion de tout connaître et de tout savoir devient plus grande.
Éduquer dans la culture africaine c'est comprendre les trois entités qui constituent une personnalité. Il faut prendre conscience de ses trois entités pour pouvoir espérer les développer et contribuer à leur épanouissement. L'Afrique a compris que l'être est constitué d'une âme, d'un esprit et d'un corps. Une éducation complète se doit de nourrir pleinement ces trois entités. L'éducation spirituelle doit être le soubassement de toute éducation. Cela permet d'expliquer le parcours éphémère de notre passage sur terre. De comprendre le début et la fin inéluctable de toute chose. L'esprit doit être nourri de savoir et de connaissance et le corps éduqué dans un effort pour mieux canaliser et maîtriser les forces et les flux qu'ils renferment ou qui la traversent. Et tout ce savoir et ses connaissances se trouve renfermer dans les livres.
J'avoue que ce texte est inspiré d'une image, celle qui suit.

 

 

 

Cheikh Saliou Mbacke fils de Cheikh Ahmadou Bamba guide éclairé et éclairante de la voie Mouride

 

J'aimerai que nous nous arrêtions l'espace d'un court moment et que nous prennions le temps de réfléchir et de méditer sur cette image plein de codes et de références. Essayons un court instant de nous déconnecter de ce monde illusoire et son lot de consommation matérielle à savoir la dernière voiture, les jantes dernier cri, la nouvelle coiffure et le nouveau costume à la mode, les préparatifs de notre prochaine soirée dansante et de réfléchir sur le sort de notre jeunesse et du réel danger dans lequel on l'enferme.
De voir avec quelle concentration, quelle humilité et surtout la rigueur et la détermination avec lesquelles, cet illustre, qui pouvait prétendre tout savoir et tout connaître, se courbe pour lire Le Livre. C'est de cette humilité, de cette détermination, de cette concentration et de cette rigueur dont notre jeunesse a besoin pour se transcender et sortir de la tourmente. C'est ce que l'Afrique à de plus beau et de noble à léguer à sa jeunesse de par le monde.
Ma méditation me pousse à exhorter cette jeunesse noire parquée dans les ghettos à lire en lui disant :
"Lis, lis avec humilité de par le nom du Tout-Puissant qui t'a créé , et qui par la plume va t'enseigner toujours dans les livres des choses que tu ignores."
Mbegane NDOUR 
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Littérature:
http://www.africamaat.com/Audio-Interview-de-Mbegane-Ndour

 

 

 

 

 

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